Elsevier

Archives de Pédiatrie

Volume 14, Issue 1, January 2007, Pages 31-35
Archives de Pédiatrie

Fait clinique
Cytomégalovirus néonatal et allaitement maternel chez le nouveau-né prématuré. Quelles propositions ?Breastfeeding and Cytomegalovirus infection in preterm infants. How to reduce the risks?

https://doi.org/10.1016/j.arcped.2006.10.003Get rights and content

Résumé

Actuellement, le dépistage de l'infection à cytomégalovirus (CMV) n'est pas réalisé systématiquement pendant la grossesse. Cependant, le risque de contamination postnatale, en particulier par le lait maternel, est élevé chez les nouveau-nés prématurés (15–20 %). La proportion de séquelles neurosensorielles à long terme est mal documentée. Nous rapportons l'observation d'une enfant, née à 30 semaines d'aménorrhée (SA), sans cause retrouvée à la prématurité. À 15 jours de vie, elle a présenté une cholestase ictérique associée à une virurie à CMV. À j40, sont apparus une altération de l'état général, une hépatosplénomégalie, un purpura avec teint gris et une majoration de la cholestase. Le tableau était en faveur d'une infection maternofœtale asymptomatique à CMV, avec réinfestation par le lait maternel. L'enfant a été traitée par ganciclovir pendant 21 jours. Elle est actuellement âgée de 12 mois et ne présente aucune séquelle neurosensorielle. Dans la littérature, la transmission de CMV par le lait maternel est bien documentée chez le nouveau-né prématuré. Compte tenu de ces données et des risques de handicap propres à la grande prématurité, il nous paraît souhaitable de proposer un dépistage dans le groupe des prématurés à risque d'infection à CMV et dont les mères souhaitent allaiter. Une naissance avant 32 SA pouvant être liée à une infection maternelle asymptomatique à CMV, nous proposons un bilan sérologique maternel dès l'accouchement. Si celui-ci est en faveur d'une primo-infection ou d'une réactivation virale récente, le lait de mère peut, pendant la période du pic de virolactie, être soumis à une congélation à –20 °C pendant 3 jours. Ce processus réduit le risque de transmission postnatale verticale et horizontale au sein des unités de néonatalogie, tout en favorisant la poursuite de l'allaitement maternel.

Abstract

In France, screening for cytomegalovirus infection (CMV) during pregnancy is not recommended in routine. The transmission of CMV through breastmilk from mothers to preterm infants is frequent (15–20%). The frequency of neuro-sensorial handicap related to congenital CMV infection in very preterm infants is not well documented. We report the case of a female infant born at 30 weeks of gestation. At 15 days, she developed cholestatic jaundice. Urine cultures were positive for CMV. Diagnostic procedure showed no other cause for jaundice. At 40 days, the infant presented with hepato-splenomegaly, purpura and abnormal skin color related to a symptomatic, secondary CMV infection, probably transmitted through breastmilk. Ganciclovir was begun for 21 days. At 12 months, she presents with normal development. This observation raises questions about breastfeeding in very preterm infants. Unexplained prematurity could reflect recent infection or reactivation in the mother. Thus, because of the well-known risks of prematurity on one hand, and CMV infection on the other, we suggest that detection of CMV seropositive mothers should be considered before allowing breastfeeding. If the mother has serologic evidence of recent infection or reactivation, freezing breastmilk at –20 °C for 3 days may be an option in order to reduce virolactia, especially during early lactation. This may reduce the risk of postnatal vertical virus transmission with minimal logistical difficulties and without interrupting breastfeeding.

Section snippets

Observation

P. était le troisième enfant d'une mère âgée de 30 ans, aide-soignante. Elle est née au terme de 30 semaines d'aménorrhée, eutrophique (P = 1500 g, T = 39,5 cm, PC = 28 cm), sans cause apparente. L'évolution postnatale a été simple. La constatation, à 15 jours de vie (j15), d'un ictère persistant associé à un tableau de cholestase biologique a conduit à la réalisation d'une enquête virologique (Tableau 1). Celle-ci montrait une virurie à CMV dans 3 prélèvements consécutifs et un taux sanguin élevé

Discussion

Dans notre observation, le début précoce de la symptomatologie hépatique (j15) est en faveur d'une transmission verticale péri- ou postnatale. La présence d'IgM chez la mère à j40 confirme une infection récente par réactivation ou réinfection datant d'au moins 3 semaines. Cependant, la sérologie virale seule est insuffisante pour affirmer et dater le début d'une primo-infection maternelle. La détection d'IgG et IgM anti-CMV peut être liée à une sécrétion polyclonale virale d'anticorps, à une

Références (10)

There are more references available in the full text version of this article.

Cited by (0)

View full text