Elsevier

Archives de Pédiatrie

Volume 15, Issue 4, April 2008, Pages 446-455
Archives de Pédiatrie

Apports nutritionnels en France en 2005 chez les enfants non allaités âgés de moins de 36 moisNutrient intakes in 2005 by non-breast fed French children of less than 36 months

https://doi.org/10.1016/j.arcped.2008.03.002Get rights and content

Résumé

Contexte

Malgré l’intérêt scientifique de sa connaissance, le statut nutritionnel des enfants français en bas âge n’a été que peu étudié.

Objectifs

Évaluer les apports énergétiques, macro- et micronutritionnels des enfants français âgés de un à 36 mois.

Procédure expérimentale

Une enquête alimentaire transversale a été réalisée de janvier à mars 2005 sur un échantillon représentatif des nourrissons et enfants français en bas âge, tenant compte de l’âge des enfants, de l’activité professionnelle de la mère, de la catégorie socioéconomique de la famille, mais en excluant les enfants totalement ou partiellement nourris au sein.

Sujets

Sept cent six enfants ont été répartis en 11 groupes d’âge allant de un à trois mois à 31–36 mois.

Analyses

Les relevés alimentaires individuels de trois jours consécutifs ont été convertis en consommation énergétique et consommation de 24 nutriments, à l’aide de tables de composition de 1260 aliments standard et des 850 préparations lactées infantiles et aliments spécifiques bébés présents sur le marché français en 2005.

Résultats

Jusqu’à l’âge de sept mois, les apports énergétiques moyens étaient, en 2005, supérieurs aux apports conseillés en énergie, mais ils devenaient inférieurs après un an. Les apports de protéines, de lipides et de glucides étaient satisfaisants, tandis que ceux de calcium, de phosphore et des vitamines du groupe B étaient au-dessus des apports nutritionnels recommandés pour les 11 groupes d’âge. Cependant, certains enfants âgés de plus de 12 mois étaient à risque d’apports insuffisants pour l’acide alpha-linolénique, la vitamine E, la vitamine C, le fer et le zinc, tandis que les apports moyens de sodium de chaque groupe d’âge étaient au-dessus des besoins nutritionnels moyens pour ce nutriment.

Conclusions

Le régime alimentaire des enfants français en bas âge semble satisfaisant pour une large proportion d’entre eux, couvrant la plupart de leurs besoins nutritionnels. Cependant, les apports en fer et en acide alpha-linolénique spécialement nécessiteraient une amélioration pour certains enfants français de plus d’un an.

Abstract

Background

Knowledge of the nutritional consumption of very young children is of main interest, but little is known about the dietary status of French infants and toddlers.

Objective

To assess energy and nutrient intake and the adequacy of diet of French infants and toddlers.

Design and setting

A national cross-sectional survey was conducted in France from January to March 2005, using proportionate quota sampling based on the age of the children, the occupation of the mother, and the family socioeconomic category.

Subjects

Seven-hundred and six children were allocated to 11 age subgroups ranging from one to three months to 31–36 months. Totally or partially breastfed infants were excluded.

Analyses performed

Individual consecutive 3-day weight food records were converted into energy intake and intake of 24 nutrients according to food composition databases recently updated for 1260 standard foods and all the formulae and specific baby foods manufactured and marketed in France in 2005.

Results

Mean daily energy intake in 2005 was above the estimated average requirement up to seven months of age, but was lower after one year. Protein, fat, and carbohydrate intakes were adequate, while calcium, magnesium, phosphorus and B group vitamins were above the recommended dietary allowances for all 11 subgroups. However, for toddlers over 12 months of age, some may have had an inadequate intake of alpha-linolenic acid, vitamin E, vitamin C, iron and zinc, whereas mean sodium intake was above the adequate intake for all age subgroups.

Conclusions

The diet of French infants was adequate for a large proportion of children and satisfied most of their nutritional requirements. However, the intake of iron and alpha-linolenic acid in particular needs to be improved for some French toddlers.

Introduction

Les scientifiques, comme les professionnels de santé ou les autorités sanitaires préparant les textes réglementaires, ont besoin de connaître l’état nutritionnel des différents groupes humains [1]. Une bonne connaissance des consommations nutritionnelles des nourrissons et enfants en bas âge est aussi essentielle pour permettre aux entreprises fabriquant les aliments spécifiquement dédiés à ces enfants d’adapter les produits à leurs besoins. Si de nombreuses enquêtes sur les consommations alimentaires des enfants ont été réalisées aux États-Unis ([2], [3], [4], [5], [6], revue in [7]) et dans divers pays européens [8], [9], [10], [11], [12], [13], [14], [15], le statut nutritionnel des enfants français âgés de moins de trois ans n’a été que très peu exploré. Seulement trois études antérieures ont été réalisées en France, à huit ans d’intervalle, en 1981 [16], 1989 [17], [18] et 1997 [19], respectivement sur un échantillon représentatif de la population française âgée de moins de 18 mois [16], de moins de 24 mois [17], [18] et de moins de 30 mois [19]. Ces études ont mis en évidence les principaux changements, de 1981 à 1997, dans les habitudes alimentaires et les consommations énergétiques et nutritionnelles des enfants en bas âge. Notamment, les apports énergétiques totaux des enfants de plus de six mois étaient, en 1989 et 1997, significativement moindres qu’en 1981 en raison d’une diminution de la consommation des trois macronutriments : glucides, lipides et protéines. Il a été également constaté une nette amélioration des apports en fer chez les enfants de plus de six mois, parallèlement à une utilisation plus prolongée des préparations lactées de suite et des laits de croissance.

Une nouvelle enquête de consommation a été réalisée en 2005 à l’initiative du Syndicat français des aliments de l’enfance. Cette étude a été réalisée en utilisant des tables de composition des aliments améliorées et actualisées et avec l’ajout d’un groupe supplémentaire de jeunes enfants âgés de 31 à 36 mois par rapport à l’enquête de 1997. Cet article présente les consommations énergétiques et macro- et micronutritionnelles de ces enfants, dans la perspective de répondre aux deux questions :

  • quelle était, en France, en 2005, la distribution des apports nutritionnels des enfants âgés de un à 36 mois et quelle était son évolution en fonction de l’âge ?

  • ces enfants recevaient-ils une alimentation adéquate pour couvrir leurs besoins nutritionnels sans apport excessif ?

Section snippets

Sujets

Une étude transversale d’observation a été réalisée du 12 janvier au 10 mars 2005, sur un échantillon représentatif des nourrissons et enfants en bas âge français, non nourris au sein. Comme lors des précédentes éditions de cette enquête, les enfants nourris au sein, totalement ou en combinaison avec des préparations lactées infantiles, ont été exclus car il aurait été très difficile de quantifier correctement leur consommation de lait maternel. La cohorte étudiée a été répartie, selon l’âge

Résultats

Quatre-vingt-un pour cent des familles initialement contactées ont accepté de participer à l’étude (soit 713 parmi 877). Seuls les carnets alimentaires rapportant trois jours complets de consommations ont été analysés. Ainsi sept enfants qui avaient été malades durant la période d’enregistrement furent exclus.

Les caractéristiques des enfants composant les 11 groupes d’âge, ainsi que la moyenne (±écart-type) de leurs apports énergétiques quotidiens (AET), sont présentées dans le Tableau 1.

Discussion

L’exactitude des données apportées par la présente étude est nettement supérieure à celle des trois enquêtes précédentes réalisées en 1981 [16], 1988 [17], [18] et 1997 [19] puisque les tables de composition des aliments utilisées ont été non seulement actualisées, mais surtout complétées. Cependant, bien que dans les précédentes tables la teneur de nombreux micronutriments faisait défaut, il n’y avait pas de valeur manquante pour l’énergie, les macronutriments (glucides, lipides et protéines)

Conclusion

Les précédentes enquêtes alimentaires réalisées en France avaient montré qu’une utilisation plus large et plus longue des laits infantiles avait significativement amélioré les apports en fer et en acides gras poly-insaturés des enfants âgés de six à sept mois [17]. Les données recueillies en 1997 avaient permis d’étendre ces conclusions aux enfants de huit ou neuf mois [19]. Les présents résultats indiquent qu’une telle évolution favorable s’est poursuivie en 2005 et que la recommandation d’un

Conflit d’intérêt

Ce travail a été financé par le Syndicat français des aliments de l’enfance, 194, rue de Rivoli, 75001 Paris, France.

Remerciements

Nous exprimons tous nos remerciements aux familles qui ont contribué à cette étude, ainsi qu’à la TNS-Sofres® et à ses enquêteurs qui ont assuré le recrutement.

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