Mémoire originalComplications respiratoires des noyades accidentelles chez l’enfantRespiratory complications of accidental drownings in children
Introduction
La noyade se définit comme une insuffisance respiratoire aiguë résultant d’une immersion ou d’une submersion en milieu liquide [1]. Il s’agit là d’une définition internationale proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2005, qui abolit les termes de noyade humide, sèche, active, passive, silencieuse ou de quasi-noyade (near-drowning) largement utilisés auparavant [2], [3].
La noyade est un accident potentiellement grave et mortel. Une enquête récente de l’institut de veille sanitaire (InVS) [4] faisait état de 1207 noyades accidentelles en France dans l’été 2006. Ces noyades étaient plus fréquentes en mer (56 %). Elles étaient responsables de 401 décès (33 %) et de 15 survies avec séquelle (1,2 %). Elles concernaient dans 15 % des cas des enfants de moins de 6 ans avec 38 décès sur 178 noyades. Ainsi, la noyade est une des principales causes de mortalité accidentelle chez les enfants de moins de 15 ans [5], [6], [7]. C’est même la première cause chez les enfants de moins de 4 ans [7], [8], [9]. Pour les enfants, les accidents surviennent le plus souvent dans une baignoire ou une piscine située à proximité de la résidence de la victime et semblent essentiellement liés à un défaut de surveillance [5], [6], [9]. La mise en place d’un dispositif de sécurité autour des piscines privées, devenue obligatoire par la loi du 03 janvier 2003 [10], a pour but de limiter les risques de noyade des jeunes enfants. Cependant, avec une application obligatoire en janvier 2006 pour les piscines construites avant 2004, il n’y a actuellement pas encore de diminution observée du nombre, ajusté sur le nombre de piscines et les conditions météorologiques, de noyades en piscine [4].
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) totalise 15 % des noyades en France et 13 % des décès [4]. À partir d’une étude rétrospective des enfants hospitalisés pour noyade ces 10 dernières années dans le CHU de Marseille, nous avons voulu mieux préciser l’épidémiologie locale de ces accidents ainsi que leur prise en charge hospitalière.
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Patients et méthodes
Nous avons réalisé une étude rétrospective sur 10 ans (septembre 1997–septembre 2007) à partir des dossiers d’enfants hospitalisés dans le service de réanimation pédiatrique polyvalente et dans l’unité de médecine infantile du CHU Timone-Enfants pour noyade d’après leur Code PMSI.
Pour chaque patient, les informations suivantes ont été recueillies : sexe, âge au moment de la noyade, circonstances de survenue, stade de gravité de la noyade selon la classification de l’InVS [6] (tableau I), lieu
Résultats
Au total, 83 enfants ont été hospitalisés sur 10 ans pour noyade accidentelle. Ces enfants avaient un âge médian de 5 ans, avec des extrêmes de 4 1/2 mois à 15 ans, et étaient majoritairement des garçons (69,8 % ; sex-ratio = 2,32). Plus de 2 noyades sur 3 avaient eu lieu en eau douce (n = 59 ; 71 %). Parmi celles-ci, les noyades en piscine privée étaient majoritaires (n = 43 ; 51,8 %). Les autres lieux décrits étaient les étangs ou lacs (n = 6 ; 7,2 %), la baignoire (n = 6 ; 7,2 %), ou des endroits
Discussion
Nos résultats ne concernent que les enfants hospitalisés pour noyade accidentelle dans un des hôpitaux des Bouches-du-Rhône. Il existe donc un certain nombre de biais puisque nous ne disposons malheureusement pas d’autres sources d’informations permettant de comparer nos données avec celles de l’épidémiologie de ces accidents sur ces 10 années dans notre département (nombre total d’interventions des pompiers ou SAMU en urgence, nombre d’enfants décédés sur les lieux de l’accident, etc.).
Notre
Conclusion
Les noyades accidentelles sont lourdes de conséquence chez l’enfant. Elles entraînent sur le plan respiratoire pneumopathie d’inhalation, atélectasie, œdème lésionnel ou de surcharge. Malgré une prise en charge thérapeutique lourde, elles peuvent conduire au décès ou être responsables de séquelles graves. Les surinfections pulmonaires et syndrome de détresse respiratoire aigu primaire ou secondaire semblent rares. Les éventuelles séquelles respiratoires à long terme sont mal connues. L’accent
Références (17)
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Predicting outcome of drowning at the scene: A systematic review and meta-analyses
2016, ResuscitationCitation Excerpt :There was low between-study heterogeneity (I2 = 0.0% (95% CI: 0.0, 0.0)) but insufficient numbers of studies to assess publication bias by funnel plot, Begg, or Egger test (Fig. 2). Seven studies involving 2163 drowning victims were identified19,22,26,27,30–32 (Table 1C). For the critical outcome of intact neurologic survival, four studies evaluated salinity.19,22,27,32
Part 3: Adult basic life support and automated external defibrillation. 2015 International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science with Treatment Recommendations
2015, ResuscitationCitation Excerpt :EMS response intervals of less than 10 min were associated with better survival: RR of 0.29 (95% CI, 0.13–0.66)69 and reported OR of 0.44 (95% CI, 0.06–0.83).65 For the critical outcome of favorable neurologic outcome, we identified very-low-quality evidence (downgraded for risk of bias, indirectness, and imprecision) from 4 observational studies,51,57,61,70 which included 1842 drowning victims, of which 370 occurred in salt water and 1427 in fresh water. Two showed salt water was associated with better outcomes (RR, 1.3; 95% CI, 1.12–1.561; RR, 1.2; 95% CI, 1.1–1.457), and 2 showed water type was not associated with outcome (RR, 1.1; 95% CI, 0.95–1.270; RR, 1.14; 95% CI, 0.9–1.451).
Pneumonia in Normal and Immunocompromised Children: An Overview and Update
2011, Radiologic Clinics of North AmericaCitation Excerpt :It typically manifests as pulmonary edema radiographically.30 In a recent series of 83 children, secondary infections from aspiration related to near-drowning were rare.31 Hydrocarbon pneumonia is an acute, intense chemical pneumonitis after unintentional aspiration of volatile hydrocarbon compounds.
Epidemiology of drowning incidents among children at Sultan Qaboos university hospital Oman
2021, Oman Medical Journal