Elsevier

Archives de Pédiatrie

Volume 17, Issue 1, January 2010, Pages 14-18
Archives de Pédiatrie

Mémoire original
Complications respiratoires des noyades accidentelles chez l’enfantRespiratory complications of accidental drownings in children

https://doi.org/10.1016/j.arcped.2009.09.021Get rights and content

Résumé

Les noyades accidentelles de l’enfant sont des événements graves et parfois mortels. Notre étude a pour but de mieux préciser l’épidémiologie et les complications respiratoires de ces accidents dans la région marseillaise. Nous avons mené une étude rétrospective sur 10 ans concernant les enfants hospitalisés pour noyade accidentelle dans notre CHU. Ont été colligés : l’âge au moment de l’accident, le sexe, les circonstances de survenue, la prise en charge hospitalière, l’imagerie thoracique et le devenir des enfants. Au total, 83 enfants ont été hospitalisés (âge médian de 5 ans, 70 % de garçons). La noyade avait surtout eu lieu en eau douce (71 %) et en particulier en piscine (51,8 %). Les stades III et IV de noyade concernaient 40,9 % de la cohorte. La prise en charge était la suivante : admission en réanimation 57,8 %, ventilation mécanique 34,9 %, oxygénothérapie seule 16,9 %, antibiothérapie 87,9 %. La radiographie thoracique était normale dans 45,7 % des cas. La noyade en eau douce, surtout en eau douce contaminée (canal, toilettes, etc.), s’accompagnait d’atélectasie (10,8 %), celle en eau de mer plus volontiers d’infiltrats pulmonaires diffus (8,4 %). Une pneumonie d’inhalation (33,7 %) se voyait dans les 2 cas et un œdème de surcharge (6 %) était constaté seulement lors de noyades de stade IV. Les surinfections ont été rares (une probable et une suspectée). Un enfant a présenté un syndrome de détresse respiratoire aigu secondaire (1,2 %). Enfin, nous avons déploré 7 décès (8,4 %) et 1 séquelle neurologique grave (1,2 %). Les noyades accidentelles de l’enfant sont lourdes de conséquences. Les éventuelles séquelles respiratoires à long terme sont mal étudiées. L’accent doit être mis sur la prévention de ces accidents et l’impérative nécessité de la surveillance parentale lors de la baignade d’un enfant.

Summary

Accidental drownings are severe and sometimes mortal events in children. Our study aims to better clarify the epidemiology and the respiratory complications of these accidents in our hospital. We led a retrospective study over 10 years concerning the children hospitalized for accidental drowning in our hospital centre. Age at the moment of the accident, sex, history of accident, hospitable care, thoracic imaging and neurological outcome of the children were studied. In total, 83 children were hospitalized (5 years on average, 70% being boys). The drowning especially took place in fresh water (71%), particularly in swimming pools (51.8%). Stages III and IV of drowning concerned 40.9% of the population. The coverage was the following one: admittance in ICU 57.8%, mechanical ventilation 34.9%, oxygen therapy 16.9%, antibiotics 87.9%. A normal chest x-ray was present in 45.7% of the cases. Drowning in fresh water, especially in contaminated fresh water (canal, WC, etc.), induced atelectasis (10.8%), whereas drowning in sea water induced diffuse infiltrates (8.4%). Aspiration pneumonia (33.7%) was present in both cases and a pulmonary oedema (6%) was only noticed during stage IV drowning. The secondary infections were rare (1 case was suspected and another probable). A child presented a secondary acute respiratory distress syndrome (1.2 %). Finally, 7 deaths (8.4%) and 1 case with severe neurological sequelae (1.2%) were noted. Accidental drowning causes important consequences in children. The long-term respiratory outcomes have not been properly studied. Prevention of such accidents is based on parental vigilance during their child's bathe.

Introduction

La noyade se définit comme une insuffisance respiratoire aiguë résultant d’une immersion ou d’une submersion en milieu liquide [1]. Il s’agit là d’une définition internationale proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2005, qui abolit les termes de noyade humide, sèche, active, passive, silencieuse ou de quasi-noyade (near-drowning) largement utilisés auparavant [2], [3].

La noyade est un accident potentiellement grave et mortel. Une enquête récente de l’institut de veille sanitaire (InVS) [4] faisait état de 1207 noyades accidentelles en France dans l’été 2006. Ces noyades étaient plus fréquentes en mer (56 %). Elles étaient responsables de 401 décès (33 %) et de 15 survies avec séquelle (1,2 %). Elles concernaient dans 15 % des cas des enfants de moins de 6 ans avec 38 décès sur 178 noyades. Ainsi, la noyade est une des principales causes de mortalité accidentelle chez les enfants de moins de 15 ans [5], [6], [7]. C’est même la première cause chez les enfants de moins de 4 ans [7], [8], [9]. Pour les enfants, les accidents surviennent le plus souvent dans une baignoire ou une piscine située à proximité de la résidence de la victime et semblent essentiellement liés à un défaut de surveillance [5], [6], [9]. La mise en place d’un dispositif de sécurité autour des piscines privées, devenue obligatoire par la loi du 03 janvier 2003 [10], a pour but de limiter les risques de noyade des jeunes enfants. Cependant, avec une application obligatoire en janvier 2006 pour les piscines construites avant 2004, il n’y a actuellement pas encore de diminution observée du nombre, ajusté sur le nombre de piscines et les conditions météorologiques, de noyades en piscine [4].

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) totalise 15 % des noyades en France et 13 % des décès [4]. À partir d’une étude rétrospective des enfants hospitalisés pour noyade ces 10 dernières années dans le CHU de Marseille, nous avons voulu mieux préciser l’épidémiologie locale de ces accidents ainsi que leur prise en charge hospitalière.

Section snippets

Patients et méthodes

Nous avons réalisé une étude rétrospective sur 10 ans (septembre 1997–septembre 2007) à partir des dossiers d’enfants hospitalisés dans le service de réanimation pédiatrique polyvalente et dans l’unité de médecine infantile du CHU Timone-Enfants pour noyade d’après leur Code PMSI.

Pour chaque patient, les informations suivantes ont été recueillies : sexe, âge au moment de la noyade, circonstances de survenue, stade de gravité de la noyade selon la classification de l’InVS [6] (tableau I), lieu

Résultats

Au total, 83 enfants ont été hospitalisés sur 10 ans pour noyade accidentelle. Ces enfants avaient un âge médian de 5 ans, avec des extrêmes de 4 1/2 mois à 15 ans, et étaient majoritairement des garçons (69,8 % ; sex-ratio = 2,32). Plus de 2 noyades sur 3 avaient eu lieu en eau douce (n = 59 ; 71 %). Parmi celles-ci, les noyades en piscine privée étaient majoritaires (n = 43 ; 51,8 %). Les autres lieux décrits étaient les étangs ou lacs (n = 6 ; 7,2 %), la baignoire (n = 6 ; 7,2 %), ou des endroits

Discussion

Nos résultats ne concernent que les enfants hospitalisés pour noyade accidentelle dans un des hôpitaux des Bouches-du-Rhône. Il existe donc un certain nombre de biais puisque nous ne disposons malheureusement pas d’autres sources d’informations permettant de comparer nos données avec celles de l’épidémiologie de ces accidents sur ces 10 années dans notre département (nombre total d’interventions des pompiers ou SAMU en urgence, nombre d’enfants décédés sur les lieux de l’accident, etc.).

Notre

Conclusion

Les noyades accidentelles sont lourdes de conséquence chez l’enfant. Elles entraînent sur le plan respiratoire pneumopathie d’inhalation, atélectasie, œdème lésionnel ou de surcharge. Malgré une prise en charge thérapeutique lourde, elles peuvent conduire au décès ou être responsables de séquelles graves. Les surinfections pulmonaires et syndrome de détresse respiratoire aigu primaire ou secondaire semblent rares. Les éventuelles séquelles respiratoires à long terme sont mal connues. L’accent

Références (17)

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Cited by (14)

  • Adult Basic Life Support: International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science With Treatment Recommendations

    2020, Resuscitation
    Citation Excerpt :

    We defined those with short submersion duration (less than 5–6 minutes), those with intermediate duration (less than 10 minutes), and those with prolonged submersion duration (less than 15–25 minutes). For the critical outcome of survival with favorable neurological outcome, we identified moderate-certainty evidence from 15 observational studies (downgraded for bias and indirectness, upgraded for dose response) including 2 746 drowning victims.350,352–356,359a,359b,371–377 All studies noted worse outcomes associated with submersion durations exceeding 5 minutes (RRs between 0.05359 and 0.61.355

  • Predicting outcome of drowning at the scene: A systematic review and meta-analyses

    2016, Resuscitation
    Citation Excerpt :

    There was low between-study heterogeneity (I2 = 0.0% (95% CI: 0.0, 0.0)) but insufficient numbers of studies to assess publication bias by funnel plot, Begg, or Egger test (Fig. 2). Seven studies involving 2163 drowning victims were identified19,22,26,27,30–32 (Table 1C). For the critical outcome of intact neurologic survival, four studies evaluated salinity.19,22,27,32

  • Part 3: Adult basic life support and automated external defibrillation. 2015 International Consensus on Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care Science with Treatment Recommendations

    2015, Resuscitation
    Citation Excerpt :

    EMS response intervals of less than 10 min were associated with better survival: RR of 0.29 (95% CI, 0.13–0.66)69 and reported OR of 0.44 (95% CI, 0.06–0.83).65 For the critical outcome of favorable neurologic outcome, we identified very-low-quality evidence (downgraded for risk of bias, indirectness, and imprecision) from 4 observational studies,51,57,61,70 which included 1842 drowning victims, of which 370 occurred in salt water and 1427 in fresh water. Two showed salt water was associated with better outcomes (RR, 1.3; 95% CI, 1.12–1.561; RR, 1.2; 95% CI, 1.1–1.457), and 2 showed water type was not associated with outcome (RR, 1.1; 95% CI, 0.95–1.270; RR, 1.14; 95% CI, 0.9–1.451).

  • Pneumonia in Normal and Immunocompromised Children: An Overview and Update

    2011, Radiologic Clinics of North America
    Citation Excerpt :

    It typically manifests as pulmonary edema radiographically.30 In a recent series of 83 children, secondary infections from aspiration related to near-drowning were rare.31 Hydrocarbon pneumonia is an acute, intense chemical pneumonitis after unintentional aspiration of volatile hydrocarbon compounds.

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